L’investissement socialement responsable est-il l’investissement de demain ?

L’investissement socialement responsable est-il l’investissement de demain ?

Nouvelle pierre à l’édifice

Dans un contexte de crise sanitaire actuelle extrêmement difficile, la nécessité de retrouver un taux de croissance est inévitable pour la survie de l’économie mondiale. Au-delà des considérations économiques, la santé de ses acteurs devient un sujet préoccupant tant sur le plan physique que mental.
Les enjeux ne sont donc plus seulement financiers, mais humains et environnementaux suite aux prévisions du réchauffement climatique (crise écologique). Les avis divergent quant aux responsabilités du secteur financier dans ces dysfonctionnements, son pouvoir d’influence a pu les accentuer mais celui-ci a aussi la faculté de les atténuer.
L’émergence d’une conscience collective s’intensifie et le secteur de la finance n’est pas exempté par ces pensées de changement, principalement influencées par les désirs de leurs parties prenantes en matière d’environnement. Ces thématiques, plus qu’urgentes, sont désormais la ligne directrice des politiques. Sur cette même ligne, les acteurs économiques sont à la recherche d’un système plus durable et cela nécessite une réorientation des flux financiers vers un monde plus responsable.

L’émergement des consciences

Le secteur de la finance tend donc à évoluer vers une nouvelle stratégie, non plus seulement centrée sur les objectifs de performance qui l’incombe mais aussi sur l’impact qu’ont leurs activités. Les acteurs financiers ont compris qu’à terme ils prendraient un risque important sur le plan financier à ne pas considérer ces urgences sociales et environnementales. Cette mutation implique la prise en considération de tout l’écosystème de l’entreprise et permet de mieux définir et prévoir les risques et les opportunités qui lui sont liés. La finance durable concilie donc la rentabilité économique ainsi que l’impact social et/ou environnemental positif.
D’une part la finance se doit d’être modifiée étant donné les nouvelles tendances et enjeux du marché. Celle-ci doit répondre à une demande plus aboutie que la simple performance économique. Cette demande provient de ces changements de mentalité mais aussi d’une peur du marché financier du fait de ses crises mondiales à répétition. Le caractère durable et responsable ajouté à la finance permet de pérenniser et fiabiliser le marché financier. On a pu voir que durant la crise beaucoup d’entreprises socialement responsable ont montré une certaine résilience face aux difficultés économiques.
D’autre part, l’Etat ainsi que les institutions gouvernementales y sont des facteurs d’influences notables. L’apparition de nouvelles lois et réglementations pousse les acteurs du marché financiers à modifier leur comportement dans leurs activités du fait de leur caractère obligatoire. La loi Grenelle II ainsi que les réglementation Disclosure et Taxionomie implique l’intégration des critères Environnementaux Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans les stratégies d’investissement mais aussi l’obligation de fournir un rapport expliquant la performance extra-financière. Le secteur public ne peut financer à lui tout seul la transition énergétique et l’amélioration de l’environnement social. Ces politiques ont donc pour objectifs la participation, plus ou moins obligatoire, des acteurs financiers.

La volonté des acteurs

L’envie des acteurs du marché de développer et de financer des activités responsables s’intensifie, cependant leur développement passe par le marché de l’investissement, celui-ci doit pouvoir les accompagner de façon efficace et en adéquation avec les objectifs extra-financiers. Néanmoins la finance est obsédée par la liquidité plus précisément par la réalisation de profit à court terme. Le fait de se projeter à long terme comme proposent les investissements durables reste une vision compliquée pour les acteurs malgré la nécessité liée aux enjeux actuels. D’après plusieurs analyses et études menées sur le sujet, la finance durable montre que, par l’intégration dans la stratégie des critères ESG permet tout du moins de réaliser les mêmes performances financières que des placements et investissements conventionnels contrairement à ce que prévoit la théorie du portefeuille affirmant que toute sélection d’actif ne peut que dégrader le rendement.

Les 3 piliers de l’investissement durable

Les placements et investissements responsables représentent un marché de plus en plus conséquent. Toutefois il existe différent acteur dans la finance durable, 3 volets principaux sont recensés :

  • La finance Verte, orienté principalement vers la réponse à la crise écologique (financement de la transition énergétique) souvent sous la forme d’obligation mais celle-ci n’intègre pas tous les critères ESG.
  • L’investissement socialement responsable (ISR) à une vocation plus large car il intègre la totalité des volets ESG, sans négliger les rendements financiers primordiaux.
  • La finance solidaire ou à impact, finance principalement des activités, projets sociaux ou sociétaux par nature mais qui peuvent être environnementaux cependant la rentabilité n’y ait pas l’objectif principal.

L’avenir de l’investissement

La finance de demain sera donc plus fortement tournée vers l’ISR en vue de son principe premier de rentabilité. Mais il est nécessaire de différencier les investissements labellisés proposant une offre certifiée intégrant l’ensemble des critères ESG et les acteurs exprimant un engagement ESG de leur activité sans pour autant disposer de label. Le développement de ce marché a aussi entraîné des dérives, les excès de communication de certains acteurs sur leur engagement environnementaux et sociaux afin de donner une bonne image de leur société, malheureusement souvent faussée, on parle alors d’effet du Greenwashing.
Les limites de ce marché de l’ISR peuvent aussi résider dans l’interprétation d’une activité éthique et de la réelle intégration de ces enjeux dans les stratégies. Bon nombre d’acteurs financiers ne cherchent pas à aller au-delà d’une simple analyse extra-financière donnant lieu à l’exclusion de certains secteurs ne garantissant pas les impacts réellement positifs.
L’ISR reste un secteur d’avenir étant donné ses caractéristiques positives tant sur le plan financier que extra-financier. Il permet sur le long terme une meilleure gestion des risques par une analyse complète de son écosystème intégrant les critères ESG mais aussi car il permet d’obtenir une rentabilité comparable à celui d’un fonds conventionnel tout en ayant une performance extra-financière même si pour de nombreux acteurs, cette performance ne reste que collatérale.
Toutefois doit-on émettre l’hypothèse que l’ISR est en train d’intégrer plus généralement les fonds et banques traditionnels, pour son aspect financier plus qu’éthique ? Où est-ce un réel désir de mutation d’intégrer les critères ESG au centre des décisions financières pour l’impact positif (social et environnemental) qui en découle ?